Les poissons ne posent pas de questions

Les poissons ne posent pas de questions

Par la Cie Zart

cie-zart.com

Création 2016
Solo de et avec Julie Pichavant

Je suis dans l’avion, un avion qui m’emmène au Brésil. Je survole le monde et j’emporte le Monde avec moi. Vol régulier Air France- Rio de Janeiro, un Airbus A330-200. Je lis le Monde, les faits divers: le corps d’une femme d’origine asiatique, âgée d’environ 35 ans, a été retrouvé dimanche soir sur la plage de la Pointe aux oies, à Wimereux, la plage de mon enfance. Il s’agit probablement d’une clandestine qui tentait de traverser la Manche à la nage, vêtue d’une combinaison de natation, la jeune femme avait plié dessous des vêtements secs, emportés des produits énergisants et portait une boussole autour du cou. Une autopsie va être pratiquée mais les poissons ne poseront pas de question.

«Ainsi Julie Pichavant pose-t-elle la situation générique de son prochain solo, troisième création après Syndrome Marilyn et R.I.P. Rest in peace. Il s’agit d’un monologue en adresse directe, engageant le corps, appuyée sur l’univers sonore. Entre cette migrante qui meurt pour survivre et cette européenne qui se meurt d’ennui, l’actrice trace une trajectoire tentant de relier deux pôles extrêmes et donner ainsi un visage à la catastrophe. Le fait divers s’institue tragédie. Il est avéré que les poissons n’ont que trois secondes de mémoire. Resterons-nous comme eux à tourner en rond dans notre bocal ? Une performance pour nous réveiller, pour dégager notre horizon. » Michel Mathieu

NOTES DE L’AUTEUR

Les poissons ne posent pas de questions est mon troisième texte porté à la scène inspiré d’un fait divers publié dans le Monde du 13 aout 2012. Ces brèves lignes découvertes dans l’avion qui m’emmenait en Amérique latine pour mon travail, sont le point de départ d’une enquête, d’une réflexion sur la tragédie des migrants. La plage où a été retrouvé le corps de cette jeune femme, je la connais, c’est celle de mon enfance.

Comme un écho au Syndrome Marilyn, cette autofiction écrite à la fois sur le continent Européen et Latino-américain autopsie une tragédie. Une femme européenne s’envole dans un Airbus A330-200 direction Rio de Janeiro, poursuivant un rêve de carnaval, quittant le froid de son existence du Nord de la France et du carnaval de Dunkerque pour l’ensoleillé Brésil. Ce rêve de Samba entrainera le personnage dans une danse macabre, pour se libérer de ses propres chaînes. Entre cette migrante qui meurt pour survivre et cette européenne asphyxiée par sa vie, le spectacle trace une trajectoire tentant de relier deux pôles extrêmes, deux trajectoires opposées qui s’unissent dans une même voix : un chant de mort, pour faire éclater la vie.

Gilles Deleuze pensait qu’il existe un cri philosophique, que ces cris philosophiques sont comme les cris des poissons. Si vous n’entendez pas le cri des poissons, vous ne savez pas ce que c’est que la vie.

Le spectacle raconte ce chant effroyable poussé par tous ces êtres engloutis dans la Manche, dans la Méditerranée, dans l’océan Atlantique, véritable fosse commune; un chant remontant à la surface, un cri qui raconterait l’histoire des disparus. Les poissons ne posent pas de questions essaye de donner un visage à la catastrophe. Le fait divers s’institue tragédie. Tragédie des migrants de Lampedusa, Calais, des Canaries, du canal de Sicile. Qui était cette femme? Noyée dans la manche, dans la Méditerranée, dans l’océan Atlantique, un corps sans identité, disparue à jamais. Elle n’ a pas embarqué sur un navire de fortune ou un camion, elle a choisit de faire la traversée à la nage. Une fois sa traversée terminée, elle aurait ôté sa combinaison, déplié sa robe à fleur, mis ses chaussures, gardé la boussole en souvenir, et serait partie dans l’horizon.

Auteur, actrice-performeuse: Julie Pichavant
Regard extérieur: Esperanza Lopez
Régie Générale: Alberto Burnichon
Création lumière: Patrick Cunha
Création sonore: Fabrice Camboulive
Création vidéo: Phillippe Pitet

Avec le soutien de la Région Occitanie/ la Ville de Toulouse/ la DRAC Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées/ Combustible/ du Théâtre Le Vent des signes/ du Théâtre Le Ring / MJC Rodez/ L’Estruch Fabrique de création Sabadell/ Alliance Française de Sabadell/ Cie accueillie en résidence aux Bazis

©Visages Vagabonds

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